200 pages, une vingtaine d’illustrations en noir et blanc, achevé d’imprimer en juillet 2002, le premier livre de Guy et Jacqueline Eglin présentait le village d’Arzenc de Randon.
Ce livre a bénéficié d’un nouveau retirage en Juin 2020. Attention, les quantités sont limitées !
ISBN : 2-9518689-0-1
Quelques extraits
Bonjour, c’est moi…
Vous me voyez souvent sans me regarder et sans réfléchir…
Je suis venu ici bien avant vous, et j’y serais bien après vous…
Il m’arrive d’être tout maigre, tout fin, de grossir, de me mettre en colère, de changer même de couleur ! Je roule et je coule ici depuis que le granit s’est refroidi et qu’il a plu sur cette terre. J’ai d’ailleurs transformé le paysage et je le transforme toujours. J’ai transporté des milliers de poissons bien avant que l’homme arrive dans ma vallée.
Depuis que les hommes sont là, qu’ils ont choisi mes rives pour s’établir car ils ont besoin de mon eau pour vivre, je suis le témoin muet de leur vie, de leurs amours et de leurs malheurs, de leurs fêtes, de leurs travaux et de leurs guerres.
Voilà, j’ai décidé de parler, le silence me pèse, je vais vous raconter tout ce que j’ai pu retenir de ces hommes et de ces femmes parfois si difficiles à comprendre. Mais c’est un secret, ne le répétez pas à tout le monde… Ce que moi, le Chapeauroux, je raconte, par un frais matin, au milieu des prairie fleuries, ne peut pas être compris en ville.
Vers 1900.
Ils sont maintenant un peu moins miséreux, je le vois à leurs habits.
On est en 1900.
Les hommes ont des pantalons à pont-levis (a pourta) sans braguette. Ils portent la célèbre blouse bleue. Leur chapeau en feutre, à ailes rabattues quand il fait froid, est efficace contre la pluie et le soleil. Ils ont des barbes de patriarches. Des guêtres étroites et boutonnées recouvrent les sabots. Les femmes ont des camisoles, des cotillons, une pélerine en laine tricotée et, sur la tête une coiffe tuyautée noire, la cagnotte. (d’après Jules Barbot).
On porte ces habits jusqu’à l’usure totale. Ils ont des sabots aux pieds. La grande salle de la ferme, aux murs et au plafond noircis par la fumée, ne reçoit guère le soleil. On suspend, au plafond, ce que l’on veut conserver loin des rats : le jambon, les saucissons, de la graisse de cochon dans une vessie, des herbes sèches pour les tisanes, des cordelées d’oignons.
Près du feu, il y a une table qui se relève quand elle ne sert pas, où mangent les vieux et les malades. Au milieu, une longue table et des bancs. Pour les fêtes, les femmes ne mangent pas à table… Groupées autour du feu, elle mangent ensemble…